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• Le troisième tome de la trilogie « La Table des Immortels » est paru en juin 2015, pourrais-tu nous en dire plus sur la genèse de cette série ? Comment en as-tu eu l’idée ? Quand as-tu commencé à écrire ? Combien de temps s’est écoulé depuis la première ligne ?
Sébastien Thréhout : Lors d’une soirée à Paris, il y a 16 ans, alors qu’il était encore de bon ton dans certains cercles d’initiés d’hurler à la lune en bonne compagnie, la femme d’un ami m’a mis au défi d’être publié. Peu de temps après, je me lançais dans cette aventure. Les premiers jets étaient drôles car je n’avais pas de scénario, juste une vague idée mais il y avait une piscine (mais pourquoi donc une piscine, me diriez-vous ? Je n’en sais rien). Deïal est apparu seulement quelques mois plus tard et encore, il ne devait être que le personnage d’un seul chapitre et le concept du Sakt n’existait pas. Au bout de quelques mois, j’ai d’ailleurs tout jeté dans la corbeille de mon écran et j’ai recommencé plus sérieusement. Stef, un ami, m’a apporté une aide précieuse tant dans le coaching que dans la relecture ou l’élaboration du scénario. Il y a eu ensuite un premier envoi aux éditeurs mais seuls deux m’ont répondu réellement – dont Nestiveqnen – me conseillant de reprendre le tout, ce que j’ai fait. Il y a eu de nombreuses interruptions, d’autres projets, du sang, du sexe, des larmes, la prison, les parcs d’attraction, le foot-plongée…
Quand écris-tu ? Dès le matin au réveil et jusqu’à la nuit tombée, ou attends-tu d’avoir l’inspiration ?
S. T. : J’écrivais, alors qu’il était encore de bon ton dans certains cercles d’initiés d’aller battre le pavé toute la nuit durant en grimpant aux murs, de la fin de matinée jusqu’en fin d’après-midi. À présent que j’ai un métier et une famille, j’ai adapté mon rythme, je ne grimpe plus aux murs pour les mêmes raisons, et c’est plus souvent de la fin d’après-midi jusqu’en milieu de soirée (pour l’écriture, s’entend). Je n’ai jamais eu de problème d’inspiration, seulement d’expiration. (Et l’humour, comme vous le voyez, j’en ai à revendre !) Je travaille toujours avec un(e) lecteur(rice), car j’ai besoin d’être lu, d’avoir un feed-back quasi immédiat.
• Y a-t-il des périodes très fécondes, et d’autres, au contraire, où tu as besoin de réfléchir sur la progression du récit ?
S. T. : Toutes les périodes sont fécondes mais j’aime réfléchir au scénario en amont et faire quelques pauses pour prendre un peu de recul et vérifier que mon histoire se tient, s’enchaîne correctement. Je suis également un grand fainéant et comme tel, j’ai l’impérieuse et régulière nécessité de reposer mon esprit et mon corps, de me goinfrer d’olives, de pain et de boire du vin.
• En démarrant cette trilogie, savais-tu exactement où tu allais mener tes personnages et ton récit, ou t’es-tu laissé surprendre par une histoire que tu ne contrôlais plus ?
S. T. : Comme je le disais, je me suis laissé surprendre plus d’une fois. Le scénario est comme un plan pour moi, au sens communiste du terme, avec des objectifs et des moyens. La plupart du temps, écrire, c’est trouver des solutions pour atteindre ces objectifs et souvent, je suis très étonné par le résultat, ce qui oblige à adapter régulièrement le scénario/plan.
• Comment écris-tu ? Est-ce que tu te coupes de toutes influences extérieures pendant la période de rédaction (films, romans, etc.) ? Ou au contraire, puises-tu dans tes œuvres de référence des idées, des ambiances ?
S. T. : Quand j’écris vraiment, je rentre dans une espèce de transe durant laquelle, je chantonne, je danse, parfois nu, j’écoute de la musique, la même en boucle. Je ne contrôle pas vraiment ce qui se passe. J’aime ça. La musique a une énorme influence et c’est la seule drogue qui m’amène dans la transe de l’écriture. Je lis aussi, des livres et je regarde des films. J’ai besoin de m’immerger dans un bain de sons et d’images artificielles.
• Il y a un grand foisonnement de personnages et tous se révèlent indispensables à la fin de la série (comme on peut le voir dans le dernier tome de la trilogie). Connaissais-tu à l’avance le rôle final de chacun d’entre eux ?
S. T. : Non, la plupart n’existaient pas au départ et il y en a même certains que j’ai découvert après que le roman soit sorti. Cette histoire ne m’a jamais appartenu et au vu des nombreuses fois où j’ai repris conscience, fiévreux et nu, face à mon ordinateur couvert de graffitis, je me demande si nous ne sommes pas face à un cas de possession majeure. Absurdité mise à part, j’aime quand jaillissent de nouveaux personnages ou quand certains prennent des initiatives imprévues quitte à devoir réécrire des passages entiers.
• Les personnages sont humains, dans le sens où ils sont parfois rudes, égoïstes, et le monde qui les entoure a une influence sur eux. Cela est-il important pour toi ?
S. T. : Oui, et surtout la folie qui les anime. J’aime bousculer mes personnages et les pousser dans leurs retranchements. Ce n’est pas toujours réussi d’ailleurs car je suis parfois trop extrême. Trop peu de finesse dans ce monde de brute. J’espère qu’ils ne m’en veulent pas trop.
• Il y a beaucoup de similitudes avec « Le Trône de Fer » (le mur, le nain, les royaumes morcelés). Quelle influence l’œuvre de G.R.R. Martin a-t-elle eue sur ta trilogie ?
S. T. : Quand j’ai commencé à écrire ce livre en 1999 (ou 2000… 1998 ? Je ne sais plus vraiment, en fait…), j’avais lu les tout premiers tomes de Martin. Il m’a beaucoup influencé, ainsi que d’autres, mais plus pour le style car Tyrion n’avait pas encore cette importance qu’il a aujourd’hui. J’ai tout de suite aimé le côté cru et réaliste de ce qu’il écrivait. Il avait une « touche » qui m’a conquis immédiatement. Le mur auquel j’ai pensé a toujours été celui d’Hadrien, un homme qui ne savait pas apprécier les pictes a leur juste valeur.
• Tu es rôliste, le jeu de rôle a-t-il tenu une place privilégiée dans ton travail d’écriture ? Comment se manifeste-t-il ?
S. T. : J’ai vraiment réalisé que j’aimais créer des histoires en jouant au jeu de rôle, au grand dam de ma famille car c’est aussi ce jour-là que j’ai décidé que l’école ne servait à rien. J’ai presque tout de suite été « maître de jeu ». Le travail n’est pas le même. C’est un travail de scénariste mais j’adore écrire des scénarios.
• Quels sont les auteurs que tu aimes lire ? Les séries et les films que tu aimes regarder ?
S. T. : Mon premier « genre » littéraire a été le western, puis la SF et après la fantasy plus quelques incartades dans le récit de guerre – à 11 ans, je volais les livres de mon grand-père, des trucs incroyables comme « Les onze salopards » dont la lecture a en quelque sorte changé ma vie – mais à partir de 16-17 ans, j’ai découvert les univers plus sombres et plus déjantés de Bukowski, Fante, et ensuite Ellroy, Ellis qui m’ont beaucoup inspiré. Depuis, je vais d’un genre à l’autre selon mon humeur. J’aime lire plusieurs livres à la fois. Pour les films, c’est Kubrick qui me vient à l’esprit mais je suis un grand consommateur du 7ème art et de séries. Le dernier film qui ne m’a pas fait pleurer – comme dirait un ami : un homme, ça ne pleure pas ! – : « Bienvenu en Sibérie » et la dernière série qui m’a fait suer à froid : « Peaky Blinders ».
• Où irais-tu en vacances dans le monde d’Ern ?
S. T. : La mâchoire du monde, peut-être, car j’adore les Moens et la montagne. Sinon, j’irais peut-être visiter Edess’ le monde des fissures, une terre oubliée que je connais un peu, mais chut…
• Maintenant que la trilogie est terminée, comptes-tu commencer un nouveau roman ? Y a-t-il d’autres romans en route ? Veux-tu t’essayer à d’autres formes littéraires, comme la nouvelle, par exemple ?
S. T. : J’ai quelques projets dans mes disques durs qui ne demandent qu’à sortir. Le prochain roman que je soumettrai au monde exigeant de l’édition sera composé de deux nouvelles qui auront pour thème le fantastique et la folie sur fond de polar contemporain. Dans le même temps, je vais écrire un court roman d’anticipation sur les réalités virtuelles, mais ça c’est pour rire, parce que rire, c’est important. J’ai une autre idée en tête mais comme c’est encore en R&D, je ne peux pas en parler. Tout ça est bien entendu planifié et a été approuvé par le Grand Komintern.
Propos recueillis en juillet 2015 par Chrystelle Camus
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